Thursday, June 19, 2014

Duel



Tu m'as lacéré le coeur.

Je suis à terre, le souffle court, la vision trouble. J'ai perdu à ce jeu là.

Mes cheveux sont emmêlés, tout mon corps tremble. Je ne sais pas si j'arriverai à reprendre le contrôle. Pourtant il le faut, le combat n'est pas terminé.

Je ne sais pas si je suis capable de tenir très longtemps, je ne suis pas sûre d'avoir un petit cœur suffisamment solide pour supporter un nouvel assaut. Je suis là, prête à me donner toute entière, à me jeter dans la gueule du loup. Je me tiens debout et mes lèvres frémissent quand je te vois. Ce souvenir de toi se dresse devant moi, l'arme au poing. Je te regarde droit dans les yeux et je crois déchiffrer de la tendresse. Première erreur de ma part, j'encaisse un coup au flanc gauche.

La douleur réveille ma détermination et ma colère. Je lève mon bouclier le plus haut possible pour parer un nouveau coup. Mes muscles sont faibles et engourdis. Je me bats déjà depuis un moment et je n'ai pas eu droit à une pause. Toi, tu es multiple, tu envahis mon esprit et mon cœur. Tu es une armée entière qui me fait face. Je fronce les sourcils pour te faire croire que je suis en colère. Le coup te touche à l'épaule, mais tu titubes à peine. Tu es à peine décontenancé, et tu ripostes. 
Je ressens alors à nouveau la douceur de tes mains dans mon dos. A un poil de perdre le contrôle, j'arrive pourtant à me ressaisir et esquive l'attaque. L'assistance est touchée, je l'entends soupirer.
Je n'hésite pas à te fixer de mes yeux infiniment tristes. J'ai beaucoup de tristesse infinie en réserve. Tu n'y es pas insensible et ton regard flanche. Pendant une seconde, tu n'es plus à ce que tu fais, et je sens une faille.
Je te rappelle à quel point nous nous sentions bien tous les deux, et je rajoute que tu es important pour moi. Ca ne te plait pas d'entendre la vérité. Mais moi j'ai besoin de te la dire. 
J'ai besoin de te dire beaucoup de choses, et je hurle de frustration: il faut se taire. 

Dans cette bataille, pas de quartiers, sinon tu ne verras plus le jour se lever. La contre-attaque ne se laisse pas attendre, en plus d'être violente. Je me prends de plein fouet tes yeux brillants, ton parfum, ta voix douce. Je mords à nouveau la poussière. Cette fois c'en est trop, je n'en peux plus. 
Ma poitrine se serre et la douleur se propage dans tout mon corps. Je me plie en deux pour tenter de me ressaisir, mais c'est pire encore. Une joue contre la terre battue, l'autre joue brûlée par le soleil, j'ai le bout du nez qui touche un genou. 
J'ouvre la bouche dans un cri de douleur muet. 
Je suis incapable d'émettre le moindre son. 
Le silence est retombé autour de moi. Une fois de plus, je suis vaincue.

No comments:

Post a Comment

Livraddict

Bannière Livraddict